La dispute sur les réseaux sociaux entre l’ancien premier ministre français et la maire de la ville de Barcelone, Ada Colau, alimente depuis hier les principaux médias espagnols. Au centre de ces échanges passionnés entre les deux candidats au poste de maire de la capitale de Catalogne, le maintien ou l’abolition de la monarchie. Député de la république, depuis qu’il s’est déclaré candidat pour les prochaines élections municipales au sein de la région séparatistes, celui qui été le maire d’Evry s’est découvert un monarchisme inattendu.
« Tourner le dos à Felipe VI et demander l’abolition de la monarchie montre qu’Ada Colau n’est pas une personne de confiance, c’est la démonstration de la connivence entre la maire actuelle et les groupes radicaux et indépendants» peut-on lire sur le compte twitter de Manuel Valls. Le message est aussi glacial que la lame d’une guillotine. La réaction de la maire de Barcelone ne s’est pas faîte attendre, tout aussi lapidaire sur le même réseau social et qui nous ferait presque regretter les grandes batailles entre carlistes et isabelistes qui se sont déroulées tout au long de la seconde moitié du XIXème siècle, en Catalogne. « Qu’une républicaine défende la République est assez prévisible, mais on a plus de mal à faire confiance à un républicain français qui soudain devient monarchiste » a rétorqué sèchement l’offensée qui annoncé début de ce mois qu’elle entendait débaptiser toutes les rues et avenues qui portent le nom de « Bourbon ».
A l’origine de cette passe d’armes 2.0, le vote d’une motion visant à interdire l’accès de la capitale au roi d’Espagne, Felipe VI et un autre qui qualifie la monarchie « d’institution obsolète ». Votée le 26 octobre, seule la dernière proposition a été retenue et a reçu le soutien des partis de la Candidature d’unité populaire( CUP), Catalogne en commun (B-Comú), le Parti démocrate européen catalan (Pdecat) , La Gauche républicaine catalane (ERC). Soit 29 élus municipaux sur 49 présents au sein de la chambre municipale.
Manuel Valls a dès lors surenchéri en expliquant à la maire sortante, que « ce n’est pas une question de république ou de monarchie mais de respect pour le chef de l’Etat, de la Constitution votée de tous, de la démocratie et … des citoyens de Barcelone ! ». « C’est comme ça dans n’importe quelle grande ville du monde. Un maire ne doit pas oublier qu’il représente tout le monde et non une idéologie » a lancé l’ancien député socialiste qui semble avoir mis de côté quelques mauvais souvenirs de sa gouvernance. Mais pour Ada Colau, qui n’a jamais brillé par son soutien à la monarchie, allant jusqu’à faire disparaître les portraits du souverain dans le hall de la mairie, le « français » a laissé bien étrangement la « devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité », quelque part, de l’autre côté des Pyrénées.
Il est vrai que depuis qu’il fait campagne, Manuel Valls fait preuve d’un zèle monarchique qu’on ne lui connaissait guère dans les salons feutrés du palais de Matignon. Lorsque la gauche indépendantiste majoritaire au parlement de Catalogne a voté mi-octobre et sous les applaudissements, une résolution visant à entamer un processus d’abolition de la monarchie en Espagne , décrétant que «l’institution royale était aujourd’hui anti-démocratique et périmée» (en références au dernier discours du souverain en décembre 2017), Manuel Valls s’était empressé de fermement condamner et de qualifier « d ‘inadmissible » et de « frivole » ce vote partisan illustré par la tête retournée du roi et placardé fièrement par les élus sur leurs différents comptes sur les réseaux sociaux, à l’image d’Elisenda Alamany , porte-parole du parlement de Catalogne.
Leader du Parti Populaire catalan, Alberto Fernandez, a déclaré que la décision de la maire de Barcelone n’était qu’un « mépris de plus pour la couronne et l’unité de l’Espagne ».
Dans cette guerre des tweets qui ne font pas pour autant l’issue de l’élection à venir, avantage aux indépendantistes qui ont partagé la dernière réponse de la maire Ada Colau plus de 7000 fois contre 2000 pour Manuel Valls, comme l’indique le quotidien « 20 Minutes », mis au centre d’un débat sur l’abolition de la monarchie en Espagne. Bien malgré lui. En effet, si en France, l’ancien premier ministre s’est fait le défenseur d’une république laïque autoritaire, il a compris que sans le soutien des monarchistes en Espagne, son nouvel avenir politique serait largement compromis. Et la mairie de Barcelone est encore loin d’être gagnée pour celui qui reste encore un outsider dans la course au poste d’alcade de Barcelone. En se faisant le défenseur de l’unité, un crédo auquel il croit fermement avec en fond de toile l’idée européenne, Manuel Valls, espère nouer des alliances stratégiques qui lui permettront de s’imposer face aux indépendantistes. D’ailleurs, il aurait bénéficié, dès le début de sa campagne, du soutien du sulfureux Joseph Roman Bosch qui ne cache pas ses liens avec la fondation Francisco Franco, qui a créé à « une plateforme d’extrême droite, Somatemps, qui défend “l’identité hispanique” de la Catalogne» et dont la présidence a été confiée à un ancien néo-nazi du Parti Espagnol National Socialiste comme le révélait le journal « L’Obs » le 4 octobre. Une information relayée par le site de d’extrême -gauche « La Horde » qui surenchérissait en révélant d’autres liens existants ente l’ancien socialiste et des convergences de l’extrême-droite monarchique, avec par exemple, Javier Barraycoa un haut responsable des Carlistes catalans, présent lors d’une violente manifestation anti-indépendantiste organisée durant l’été et connu pour ses positions traditionalistes.
Des accusations, également corroborées par Médiapart et l’hebdomadaire Marianne qui ont consacré de longs articles sur ce sujet, mais balayées par Manuel Valls, qui dément formellement ses liens avec le milieu franquiste pourtant très présent en Catalogne (lui préférant de loin celui de Cuidadanos) et devenu un des fers de lances de soutien la monarchie. Mais pour atteindre le succès encore faut-il qu’il passe le barrage d’une côte de popularité qu’il a du mal à atteindre. Sur une note de 10, les catalans classent presque avant dernier celui qui avait reçu, du tant de sa primature, le roi d’Espagne et son épouse avec beaucoup d’empressement (2014).
Monarchiste de circonstance, Manuel Valls l’est assurément et après avoir franchi le Rubicon politique que la situation exigeait, ce fils d’un catholique conservateur entend « clôturer une longue histoire d’autonomie du projet de la ville mise en place par son adversaire afin pour le mettre au service d’une politique sectaire qui n’a rien à voir avec les intérêts de la population de Barcelone » comme nous l’explique le journal la Vanguardia. « L’Europe a besoin d’une Espagne unie, c’est le message de l’Europe, il ne peut y avoir ni médiation ni appui possible aux séparatismes » martelait encore ces derniers jours ce rocardien qui s’est mis en retrait de la vie politique française républicaine pour faire allégeance au roi d’Espagne.
Dans un tweet, les militants de la Nouvelle action royaliste ont ironisé sur la situation, rappelant que leur mouvement était à la disposition des candidats afin de les éclairer sur les concepts de « monarchie » et de « république ».
Frederic de Natal
Continuez, Monsieur Valls. Le roi d’Espagne à mon estime.
Qui a dit : “Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà !”
La France est un Etat-nation de longue date. L’Espagne est l’agglomération de plusieurs royaumes non vassalisés en un seul. D’où une décentralisation des pouvoirs que le modèle français ne connaîtra jamais.
La royauté de Madrid tient les parties ensemble. Je pense que Manuel Valls voit surtout cela dans le cadre européen qui peut broyer les provinces séparées.
La constitution espagnole de 1978 énonce en son article premier que le la jeune princesse des Asturies a lu récemment au micro :
1. España se constituye en un Estado social y democrático de Derecho, que propugna como valores superiores de su ordenamiento jurídico la libertad, la justicia, la igualdad y el pluralismo político.
2. La soberanía nacional reside en el pueblo español, del que emanan los poderes del Estado.
3. La forma política del Estado español es la Monarquía parlamentaria.
Je ne vois rien que M. Valls devrait renier. C’est lui faire un mauvais procès.
Quant à Ada Colau, ne soyons pas grossier et glissons…
La raison est toute simple : en Espagne, comme en Belgique, en Suède ou au Royaume-Uni, la monarchie a le rôle qu’elle doit avoir : uniquement cérémoniale, non-partisane, non soumise aux lobbies politico-religieux. Tout le contraire des prétendants monarchistes français, ultra-liés au lobby catholique réactionnaire (comme en témoigne le fier soutien de Jean d’Orléans à la “Manif pour Tous” ou son soutien tout récent à Bolsonaro).
Je suis d’origine française et espagnole, je ne m’opposerais sûrement pas à la monarchie en Espagne, mais en France, si.
Deux erreurs à mon avis chez Tchao: d’abord le combat pour la famille n’est celui d’un lobby mais il est un enjeu de civilisation. Normal que le Prince Jean s’y intéresse pour préserver justement notre pays des lobbies. Ensuite en Espagne le Roi est intervenu directement dans la vie du pays à propos justement de la Catalogne car il s’agissait du sort de l’Espagne, il ne s’agit pas d’un roi uniquement protocolaire mais qui sort du bois pour préserver l’unité de son pays en l’incarnant. A Dieu ne plaise en France qu’il en soit de même!
Il est indéniable que l’héritage libéral des Orléans n’est pas vraiment mis en avant par la famille royale – qui a, ceci dit, toute mon estime.
Il est étrange d’associer les monarchies britannique et espagnole, elles sont assez opposées. Il est certain qu’un Roi de France devrait avoir plus de pouvoir que S.M. Elisabeth II, à l’instar de Philippe VI, mais comment espérer reconquérir le pouvoir en ne s’adressant qu’à une seule partie de la population?
Je suis désolé mais c’est une erreur. Déjà, l’Espagne, comme d’autres, n’est plus une royauté. D’ailleurs, je pense que la démocratie est un problème. Surtout le vote. Celui qui gouverne en Espagne est élu directement ou non n’a aucune importance. De toute façon, quel intérêt d’avoir un roi si on veut un régime démocratique ? Qui vous dit que le roi est pour l’UE par ex.? Bien sûr, le roi n’a pas le pouvoir de prendre cette décision unilatéralement. Car s’il le faisait avec un discours simplement. Il serait limogé. Le roi est pied et poings lié par les lobbies. Et puis franchement, une monarchie qui veut préserver la souveraineté et qui entre dans l’une, c’est… Pas très sérieux. Sacré paradoxe quand même… Pas si simple pour la France…
C’est ce que l’on appelle un retour aux racines… Je ne souhaite pas aux Espagnols le même sort que pour les Français. Un jour, vantant la démocratie, un autre, à jouer au laquais des souverains espagnols. Cet homme ne mérite guère la confiance de nos voisins…
Valls l’opportunité macrionien:une honte pour la France et j’espère que les Espagnols vont bien rebondir.
Touché par la grâce !
Réjouissons nous, Cette photo me fait chaud au cœur ! Un Premier ministre qui rejoint le Roi, fut-il d’Espagne, voilà qui est un signe Providentiel et royal !
Si les espagnols ,veulent un invendu de nos élections 2017,qu’ls le prennent le champion de la dictature du 49.3
Si les espagnols ,veulent récupérer un invendu de notre élection de 2017;libre à eux .Je leur fait cadeau ; du bonhomme ,et de ses joujous : le “49.3” ; courage .
Tout à fait ce n’est pas un cadeau cet ancien1er ministre Français (socialiste)puis député lrem enfin ayant des prétentions royalistes espagnole. Un mélo mélo d’opportunisme.